Le thème du financement des transports publics par l’Europe s’est invité dans la campagne du scrutin du 9 juin en réponse au procès fait au Pacte Vert adopté dans le mandat sortant d’être d’abord normatif.
Objectif RER métropolitains a fait consensus en posant le principe d’un financement européen des projets de RER lors d’un débat le 25 avril avec 5 listes candidates, dont l’une était représentée par le Ministre des Transports, Patrice VERGRIETE. Il a fallu attendre le second débat organisé par TDIE et Mobilettre un mois plus tard pour que deux listes absentes du premier débat, les LR et le RN en contestent l’idée, arguant de la subsidiarité.
A ces dernières, on fera observer que nul ne remet en cause l’initiative des collectivités territoriales dans la définition et la mise en œuvre de ces projets. Mieux, des financements européens existent déjà, pour peu que l’on s’intéresse au maquis des aides actuelles comme l’a fait récemment fait l’UTP – Union des Transports Publics et ferroviaires. Mais ces aides sont complexes, peu lisibles, limitées et tardives : elles ne jouent pas le rôle incitatif qui devrait être le leur.
Nous demandons une intervention claire et puissante de l’Europe, comme les 40% de financement accordés au Lyon-Turin et les 50% du Canal Seine-Nord Europe.
C’est une réalité partagée par toute l’Europe : la révolution industrielle du 19ème siècle nous a légué des réseaux ferroviaires autour des villes, au fond des vallées et le long des littoraux, des réseaux aujourd’hui enserrés dans les vastes territoires périurbains qui se sont développés ces dernières décennies. C’est pour cela que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Autriche, la Scandinavie pour ne citer que ces pays sont aujourd’hui constellées de réseaux ferroviaires du quotidien dénommés S-Bahn, Cercanias, Passante, SFM, CFM, S-Tog, RER et dans notre pays depuis quelques mois également SERM.
On n’a pas assez perçu en France à quel point les RER sont constitutifs du mode de vie européen avec quelque 70 réseaux qui desservent au quotidien 150 millions d’européens.
On n’intéressera pas nos concitoyens à l’Europe si les seuls projets ferroviaires proposés ne les concernent qu’occasionnellement, en laissant pendante la question des transports du quotidien.
On n’investira pas durablement dans les grands projets ferroviaires voyageurs et fret si l’on n’accélère pas les projets RER qui permettent de traiter la saturation des grands nœuds ferroviaires.
L’Europe n’atteindrait pas l’objectif du transfert modal du Pacte Vert sans un nouveau saut qualitatif des transports que permettent les RER.
L’Europe ne serait pas fidèle à son action depuis 70 ans, si elle n’agissait pas pour le droit à la mobilité malmené dans nos territoires périphériques.
En aucun cas il ne s’agit d’exonérer nos responsables politiques nationaux des échéances de financement qui découlent de la loi SERM adoptée il y a six mois. Ce que l’Europe décidera le moment venu doit permettre d’accélérer au nom de l’urgence écologique.